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Philippe Couillard et l'utopie de la constitution

Si vous tenez mordicus à signer la constitution canadienne sans la soumettre par référendum, vous devrez me passer sur le corps, M. Couillard, et sur celui de milliers d'indépendantistes en quête d'unité.
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Dernièrement, le chef du Parti libéral du Québec, Philippe Couillard a affirmé vouloir toujours aller de l'avant avec son projet de signature de la constitution canadienne pour «célébrer» les 150 ans du Canada en 2017. Quoi qu'il en soit, laissez-moi vous rappeler les faits. Depuis 1982, la constitution de Pierre Elliot Trudeau en a fait baver plus d'un. De Lévesque à Bourassa, aucun premier ministre ni aucun gouvernement de l'Assemblée nationale, de toute allégeance, a voulu aller de l'avant avec le projet de signature de cette constitution qui a été rapatriée de Londres par ce qu'on peut appeler aujourd'hui un coup d'État.

Cette constitution fut rejetée, à deux reprises, par le Québec à l'occasion des discussions entourant les accords du lac Meech et de Charlottetown. Lors de son rapatriement en 1982, c'est l'Assemblée nationale du Québec en entier qui la rejeta à l'unanimité! Tout un peuple qui a dit non à une fédération qui tentait d'imposer, telle une épée de Damoclès au-dessus de sa tête, une constitution qui aurait réduit les pouvoirs de sa nation à une soumission constitutionnalisée.

C'est bien clair, qu'on soit libéral ou péquiste, la constitution n'a jamais été de tout repos et encore aujourd'hui, notre statut de «province» toujours dans l'imbroglio de ne pas avoir signé celle-ci nous fait paraître comme «l'ami de la famille» n'ayant pas été invité au party de Noël.

La situation est pourtant bien simple: pour le Québec, peu importe ce qu'on offrira, ça ne sera jamais assez et pour le Rest of Canada, on en demandera toujours trop. M. Couillard, laissez-moi vous citer un auteur qui m'a toujours fasciné par son éloquence et sa profondeur: «Le peuple colonisé est idéologiquement présenté comme un peuple arrêté dans son évolution, imperméable à la raison, incapable de diriger ses propres affaires, exigeant la présence permanente d'une direction.» Vous l'avez reconnu, M. Couillard? Il s'agit de Frantz Fanon, auteur de renom sur l'anticolonialisme. Ne voyez-vous pas une similarité avec notre nation qui, constamment, est en train de quémander à Ottawa quand nous pourrions diriger nos propres affaires?

Pour ma part, j'ai fortement l'impression que vous seriez vous-même plus à l'aise à diriger le Québec-pays que le Québec-province, mais on le sait, votre attachement à notre beau et grand pays fondé sur les intérêts capitalistes de MacDonald vous tient trop à cœur. Peu importe, je tiens à vous le rappeler: si vous tenez mordicus à signer la constitution canadienne sans la soumettre par référendum, vous devrez me passer sur le corps et sur celui de milliers d'indépendantistes en quête d'unité.

Je ne vous apprendrai rien, M. Couillard, je milite pour l'indépendance de mon peuple, et ce, depuis que j'ai 15 ans, et je n'ai nullement l'intention de me laisser berner par votre aplaventrisme de colonisé. Signer cette constitution, c'est se rallier à un projet fédératif déficient et à un Canada plus loin du Québec qu'il ne l'a jamais été. Le seul débat constitutionnel dans lequel les Québécois devraient s'engager, c'est celui de leur propre constitution, celui de leur pays qui servirait leurs intérêts.

Comme dirait Pierre Falardeau, je ne me bats pas pour faire inscrire deux mots, genre «société distincte» sur un torchon de papier. Je me bats pour la liberté et l'indépendance de mon pays. Ne l'oubliez jamais, parce que nous, nous ne vous oublierons pas.

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