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Quand le yodel résonne dans les Alpes suisses

Quand le yodel résonne dans les Alpes suisses

Le chant résonne dans la vallée, rebondit sur les montagnes, le "yodelayheehoo" s'est emparé de Davos et passionne toujours autant les Suisses.

Tous les trois ans, les amateurs de ces chants folkloriques perpétués depuis des centaines d'années se retrouvent pour leur festival, ce week-end c'était dans la station de Davos, plus connue pour accueillir chaque hiver les grands du monde politique et économique.

"Tout est dans la technique", explique Roger Bider, après une performance spontanée de son groupe de huit amis, largement applaudie sur le quai de la gare de Davos.

"Vous passez rapidement de la voix de la poitrine à la voix de tête" (ou de fausset), explique ce jeune Suisse de 35 ans.

Créé pour la première fois en 1924 cette 29ème fête fédérale des yodleurs attire près de 10.000 chanteurs en costumes traditionnels et plus de 100.000 spectateurs. Il n'y a pas de prix, simplement le plaisir de participer, les lanceurs de drapeaux et les joueurs de cor des Alpes sont aussi de la fête.

"Cela date depuis des siècles. Dans les Alpes pendant l'été, ils ne se voyaient pas mais ils communiquaient ainsi" de montagnes à montagnes, souligne Paul Mettler, 62 ans, de l'Association fédérale des yodleurs.

"On rentre là dedans et on est pris tout simplement, parce qu'il y a la camaraderie".

La majorité des participants viennent des cantons allémaniques et utilisent les dialectes locaux, mais comme partout dans le monde les chansons parlent d'amour et de drames.

"Quand j'écoute des vieux blues, j'entends des rythmes, des harmonies et des thèmes qui sont similaires", remarque Paul Mettler.

Le yodel n'est pas réservé à la Suisse. On le trouve dans le Tyrol autrichien, avec d'autres variantes dans les montagnes d'Europe centrale, de la Pologne à la Roumanie.

Mais, pour les Suisses, c'est un de leurs ciments identitaires, comme le tir, la lutte ou les jeux alpestres, utilisés depuis le 19ème siècle pour réunir des régions disparates.

"Il est remarquable que ces grands rassemblements qui permettent à la communauté de communier autour d'un même idéal perdurent jusqu'à aujourd'hui avec un succès renouvelé, réunissant toutes les générations, afin de faire vivre et revivre les coutumes qui rappellent les origines de la Confédération", estime l'historien Claude Bonard.

"La culture et les traditions sont importantes", affirme un passionné depuis 30 ans, Peter Sutter. Il vient du canton central de Schwyz, qui a donné son nom à la Suisse.

"La clé c'est d'être capable de chanter, de maîtriser les sons, les rythmes et les tons".

Dans le débat entre les classiques et les modernes, Peter Sutter n'aime guère la pop dite "Schlager", populaire en Europe centrale et qui mélange accordéon, yodel et rythmes électroniques. Il préfére la musique de Deep Purple.

Le groupe Sonalp, de la région fromagère d'Etivaz, à l'ouest de la Suisse, n'hésite pas à bousculer les traditions, mélangeant genres et instruments.

Ils emploient la cloche de vache, le violon, l'accordéon mais aussi le didgeridoo des arborigènes d'Australie.

"Nous avons mélangé le folklore suisse avec d'autres styles mais nous utilisons beaucoup le yodel. C'est bien reçu, mais pas par tous", admet Guillaume Wahli, un violoniste de 36 ans, joint par téléphone.

Pour le joueur de cor alpin Laurent Dénervaud la prestation reste traditionnenlle. "Le danger, c'est de perdre le rythme ou d'avoir les lèvres sèches. Le jury juge le ton et la qualité musicale".

Cet amateur de 60 ans venu du canton majoritairement francophone de Fribourg s'entraine tous les jours. Pas toujours facile avec cet instrument de bois long de 3 mètres 60.

"L'hiver je suis dans mon garage et sinon je vais dans les bois". Creusé dans le tronc d'un épicea idéalement vieux de 400 ans, le cor alpin coûte cher, l'équivalent de 2.800 euros.

Mais ces musiques emportent ceux qui les pratiquent.

"Jouer vous calme et vous donne une paix intérieure. C'est comme le yoga mais dans un autre genre", confie Katrin Kristen, 28 ans, qui joue dans un groupe de dix musiciens venues de la région de Berne.

jfw/pjt/ml

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