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Être une femme

Être une femme, c'est toujours avoir ce petit signal d'alerte qui nous rappelle que nous ne sommes peut-être pas en sécurité.
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Qu'éprouvons-nous lorsque l'on est une femme? Quelles pressions ressentons-nous? Ces questions se posent en cette Journée internationale des femme. L'expérience de chacune est bien entendu unique. Aujourd'hui, elle mérite d'être partagée et entendue.

Être une femme, c'est sentir le poids de plusieurs siècles d'histoire peser sur nos épaules. Une histoire dans laquelle on nous a attribué le rôle d'aidant naturel, celui de prendre soin de nos ainés, de notre parenté, de notre descendance. Celui d'être le maitre d'orchestre de l'institution la plus fondamentale d'une société : la famille.

Être une femme, c'est porter ce poids, tout en ayant l'audace, la force, de poursuivre ses propres rêves. C'est avoir la résilience et la persévérance nécessaires pour arriver à se réaliser, pleinement et complètement, malgré les attentes, en combattant les normes, en les changeant. Tout en sachant que nous avons la chance d'être nées dans une société plus égalitaire, nous savons très bien que notre émancipation ne peut se faire complètement au détriment de nos obligations familiales. Une mère qui décide d'écourter son congé de maternité pour poursuivre sa carrière fera jaser son entourage, c'est certain. Après tout, le congé de maternité prévu par les normes du travail est de 18 semaines, alors que le congé de paternité est de 5 semaines.

Être une femme, c'est reprendre le flambeau de la bataille que tant de femmes ont menée avant nous. Se sentir reconnaissante pour tout le chemin parcouru, en ayant pourtant le sentiment qu'on ne nous a rien donné, qu'il reste tant à gagner.

Être une femme implique que l'on apprenne très jeune, que rentrer seule le soir, c'est dangereux. On se crée un plan de défense, une stratégie : un coup entre les jambes, crier à tue-tête et s'enfuir à toutes jambes. Comme si ça allait fonctionner! On nous rappelle que voyager seule dans un pays étranger, ce n'est pas l'idée du siècle. Tsé, si on se faisait agresser? Merci de me rappeler ce que j'essayais très fort d'oublier. En groupe de filles, dans un bar, on se protège, on se surveille. Être une femme, c'est toujours avoir ce petit signal d'alerte qui nous rappelle que nous ne sommes peut-être pas en sécurité.

Être une femme, c'est se mesurer à des Gigi Hadid et des Candice Swanepoel. Se trouver toujours trop grosse, trop poilue, trop musclée. Trouver que nos seins sont trop petits, nos fesses pas assez grosses. Et comme si cela n'était pas suffisant, être une femme implique aussi de réfléchir et s'adapter au regard que l'homme portera sur nous. Un chandail un peu trop échancré : il ne portera pas attention à ce que tu dis. Une robe deux pouces trop courte, tu n'auras pas l'air respectable. Trop lousse, pas assez féminin. Trop serré, provocante. L'uniforme féminin est un casse-tête qui se résout rarement à notre avantage.

C'est se demander pourquoi nous risquons, à tâches égales, d'avoir un salaire moins élevé que notre collègue masculin.

Être une femme, c'est parfois arriver dans une réunion, et être l'une des seules autour de la table. C'est se demander pourquoi nous risquons, à tâches égales, d'avoir un salaire moins élevé que notre collègue masculin. En tant que femmes, nous avons ce petit sentiment qui nous pousse à vérifier, contre-vérifier, et remettre en question cent fois nos opinions, nos interventions, avant de se lancer. Cette impression que nos preuves sont à faire, qu'il faut gagner notre légitimité, et que pour y arriver il nous faut un parcours sans tache. Nous avons le syndrome de l'imposteur.

Être une femme, c'est se faire dire qu'on est « cute » quand on vient de passer la dernière demi-heure à défendre un argument. Une femme sérieuse est perçue comme une personne froide, une femme fâchée est susceptible, déterminée : autoritaire, leader: tête de cochon, ambitieuse : insensible. Être une femme implique de se faire demander si on est vraiment fâché ou si ce ne sont pas nos SPMs qui nous font réagir de la sorte. Comme si cela donnait moins de valeurs à notre point de vue. Comme si avoir des émotions était quelque chose de négatif, un inconvénient qui n'a pas sa place dans le vrai monde.

En cette journée de la femme, remémorons-nous les batailles des femmes qui sont venues avant nous. Grâce à ces femmes, nous pouvons aujourd'hui nous démarquer dans tous les domaines d'emploi. Nous pouvons rêver de devenir premières ministres, policières ou plombières. Les garderies, l'avortement, notamment, sont des services accessibles qui permettent à la femme d'avoir le contrôle sur son corps et sa vie. En cette Journée internationale des femmes, célébrons l'expérience féminine. Chaque femme est unique, tout comme son parcours. Pour celles dont l'identité est caractérisée par un autre facteur d'inégalité - la pauvreté, la race, la religion - le chemin risque d'être encore plus sinueux. Soyons solidaires. Soyons confiantes et convaincues, parce que rien ni personne ne pourra nous retenir en arrière.

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Principales pionnières féministes du Québec
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En 1893, elle est l'une des seules femmes francophones à militer au sein du Montreal Local Council of Women (MLCW), comité majoritairement anglophone et qui est l'un des premiers groupes féministes du Québec. Elle s'en dissocie en 1907 pour co-fonder la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste (FNSJB), qui s'adresse aux Canadiennes françaises catholiques. Elles militent contre l'alcoolisme, la violence domestique et l'abandon. Marie Lacoste-Gérin-Lajoie y occupera les fonctions de secrétaire (1907-1913) et de présidente (1913-1933).En 1902, elle publie le Traité de droit usuel à la suite de nombreuses lectures sur la situation juridique de la femme mariée au Québec. L'ouvrage devient une référence pour le militantisme féministe.Sa fille, Marie, a été la première bachelière du Québec. (credit:Archives nationales du Québec)
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