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Trudeau sommé d'arrêter l'examen des projets d'oléoduc Énergie Est et Trans Mountain

Trudeau sommé d'arrêter l'examen de projets d'oléoduc
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oleoducenergieest.com

Plus de 100 organisations de citoyens, d'environnementalistes et d'élus municipaux demandent, dans une lettre ouverte à Justin Trudeau, d'arrêter l'examen des projets de pipelines par l'Office national de l'énergie (ONE), et ce, à quelques jours du début de la conférence des Nations unies sur les changements climatiques à Paris (COP21).

Un texte de Sophie Rousseau

Les signataires de la lettre adressée au premier ministre dénoncent le processus d'examen actuel mené par l'ONE, déplorant son « incapacité à consulter adéquatement les gouvernements des Premières Nations concernées par les projets d'oléoduc ainsi que [l']absence d'une étude sur l'impact, en amont et en aval, des émissions de gaz à effet de serre ».

Trans Mountain : 100 millions de tonnes de CO2

Christiane Wilhelmsen, directrice de la Georgia Strait Alliance, souligne que l'examen environnemental du projet d'oléoduc Trans Mountain, de Kinder Morgan, ne tient pas compte des émissions de gaz à effet de serre générés en Alberta lors de l'extraction et la transformation du sable bitumineux.

La production du bitume brut et d'autres produits alimentant ce futur pipeline, calcule Mme Wilhelmsen, ajouterait plus de 100 millions de tonnes de gaz carbonique dans l'atmosphère. Ce qui, conclut-elle, irait à l'encontre des promesses sur le changement climatique faites par Justin Trudeau,

« En annonçant avant Paris qu'il va réévaluer les processus d'examen des pipelines, il va dire au monde qu'en effet il prend ça au sérieux [...] parce que les pipelines, ça va avoir un impact négatif. »

— Christiane Wilhelmsen, directrice du Georgia Strait Alliance

Le conseil municipal et le maire de Burnaby, en banlieue de Vancouver, sont opposés au pipeline Trans Mountain, notamment parce qu'il augmenterait considérablement le trafic d'immenses pétroliers dans l'anse Burrard, au sud du port de Vancouver. Ces élus ont aussi signé la lettre.

Une décision avant la conférence de Paris?

Les signataires appellent Justin Trudeau à remplir sa promesse de réviser et de modifier les processus d'examen des projets d'énergie. En attendant, déclare Patrick Bonin, de Greenpeace Canada et signataire de la lettre, « ce serait une perte de temps et d'argent de ne pas les arrêter tout de suite, parce qu'il faudra les recommencer de toute manière ».

« Pour être crédibles dans leur lutte au changement climatique, les gouvernements n'ont plus le choix de faire ça, d'évaluer les gaz à effet de serre des projets, entre autres, de pipeline. »

— Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie à Greenpeace Canada

Obama a créé un précédent en rejetant Keystone XL

M. Bonin, de Greenpeace, ajoute que le président des États-Unis a établi un précédent qui sera difficile à ignorer pour les autres gouvernements lorsqu'il a rejeté l'oléoduc Keystone XL au nom des émissions de GES qui seraient générées en amont : « C'est comme Barack Obama l'a fait avec Keystone XL. Il a évalué les gaz à effet de serre. Ça serait un non-sens d'aller à la conférence de Paris avec la même position canadienne où on n'évaluerait pas les gaz à effet de serre des pipelines. »

Examen du projet d'oléoduc Énergie Est

Les signataires de la lettre ouverte, qui comprennent des groupes québécois, réclament que l'évaluation du projet Énergie Est, de TransCanada soit, elle aussi, immédiatement suspendue.

« M. Trudeau a déjà promis de mettre fin à l'évaluation du projet de Kinder Morgan, déclare dans un communiqué Alain Brunel de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique. Il doit donc faire la même chose pour Énergie Est, étant donné que les deux projets seront examinés dans le cadre du même processus lacunaire »

La reprise des audiences de l'Office national de l'énergie sur le projet Trans Mountain de Kinder Morgan est planifiée pour le 17 décembre 2015. Les audiences sur le projet Énergie Est sont en cours en novembre à Calgary, Timmins et Thunder Bay en Ontario.

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Comprendre les projets de pipelines
Prolongement du North East — Access Pipeline(01 of07)
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Longueur : 297 km. Capacité : 350 000 barils par jour de bitume dilué. Investissements : non-disponible.Expansion d'un système d'oléoducs déjà en service. De Conklin, lieu d'extraction des sables bitumineux, jusqu'au terminal Sturgeon, près de Redwater, tous deux en Alberta. Le projet est peu controversé puisque d'autres pipelines existent déjà, presque sur les mêmes tracés. La construction est donc déjà amorcée. Source : Canadian Energy Pipeline Association
Northern Gateway — Enbridge(02 of07)
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Longueur : 1,177 kmCapacité prévue : 525 000 barils de pétrole par jourInvestissements : 5,5 milliards de dollarsEnbridge cherche à exporter du pétrole vers la Chine depuis un terminal sur la côte ouest. Le projet est cependant sur la glace. Le gouvernement provincial de la Colombie-Britannique a refusé d'y donner son aval, considérant qu'Enbridge n'a pas donné de réponse satisfaisante aux inquiétudes de la population et des Premières Nations. Source : Canadian Energy Pipeline Association
Ligne 9B — Enbridge(03 of07)
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Longueur : 639 kmCapacité : 300 000 barils de pétrole par jour Investissements : 110 millions de dollars (aucune nouvelle construction nécessaire)Un plan B qui devient crucial. Puisque le pétrole albertain se dirige vers une impasse avec deux projets freinés (Northern Gateway et Keystone XL), l'industrie cherche des débouchés à l'Est. Enbridge voudrait inverser le flux de l'oléoduc existant, pour acheminer du pétrole de North Westover (Ontario) jusqu'à Montréal. La compagnie Enbridge promet de fournir un pétrole brut moins dispendieux que celui actuellement importé de l'étranger. Les environnementalistes déplorent que le pétrole des sables bitumineux soit particulièrement polluant. Quelques groupes ont également évoqué des inquiétudes sur la sécurité du transport, rappelant qu'Enbridge a été reconnue responsable de plusieurs déversements aux États-Unis, dont celui de plus de 3 millions de litres au Michigan.La décision est attendue au début 2014.Source : Canadian Energy Pipeline Association
Oléoduc Énergie Est — TransCanada(04 of07)
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Longueur totale : 4500 km Capacité : 1 million de barils de pétrole brut par jourInvestissements : 12 milliards de dollars L'objectif est de convertir 3000 km de gazoduc en oléoduc entre l'Alberta (Hardistry) et l'Ontario et construire un pipeline supplémentaire de 1400 km jusqu'à Saint-Jean au Nouveau-Brunswick. Le Québec deviendrait donc un endroit de transit. L'étude du projet qui nécessite de nouvelles infrastructures d'envergure pourrait être assez longue. Il ne démarrera pas avant 2017. Source : Canadian Energy Pipeline Association
Keystone XL — Trans Canada(05 of07)
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Longueur : nouveau tronçon de 2000 km. Capacité : 830 000 barils de pétrole par jour Investissements : 7 milliards de dollars. L'industrie albertaine des sables bitumineux cherche à exporter le pétrole de l'Alberta jusqu'aux raffineries du Texas, pour le marché américain. Le projet affronte de l'opposition locale, puisque l'on redoute que les impacts économiques soient faibles et parce que le pétrole des sables bitumineux est réputé très polluant. Le président Obama hésite à approuver cet oléoduc. Source : Canadian Energy Pipeline Association
Expansion du pipeline Trans Mountain — Kinder Morgan(06 of07)
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Longueur : 1150 km sont déjà en place, l'expansion prévoit 980 km supplémentaires pour transporter du pétrole brut. Capacité : Faire passer la capacité de 300 000 à 890 000 barils par jour.Investissements : 5,4 milliards de dollarsIl s'agit de doubler l'oléoduc déjà existant pour en augmenter la capacité, en conservant à peu près le même tracé. Des inquiétudes ont été soulevées quant à la sécurité du transport par oléoduc, puisque des fuites des tuyaux de cette compagnie sont survenues à plusieurs reprises dans les dernières années. La plus récente anomalie, en juin 2013, aurait laissé échapper jusqu'à 4000 litres.Source : Canadian Energy Pipeline Association
Programme « light oil access » — Enbridge(07 of07)
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Longueur : plusieurs projets. Capacité totale : acheminement d'environ 400 000 barils supplémentaires par jourInvestissements : 6,2 milliards de dollars pour l'évaluation préliminaire. En réponse aux changements dans la production et la demande en Amérique du Nord, on veut approvisionner davantage les raffineries de l'Ontario, du Québec et du Midwest américain. Au programme : expansion des canalisations, augmentation de la puissance de pompage et de la capacité des terminaux. Les différents projets devraient être sur pied entre 2014 et 2016.Source : Canadian Energy Pipeline Association
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