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Turquie: un des porte-voix de Gülen juge les accusations du pouvoir "calomnieuses"

Turquie: un des porte-voix de Gülen juge les accusations du pouvoir "calomnieuses"

Vice-président de la Fondation des journalistes et des écrivains, un des porte-voix attitrés de la confrérie Gülen, Cemal Usak juge les accusations portées par le gouvernement turc contre son mouvement "calomnieuses" et prévoit que le conflit qui les oppose aura un "impact" sur les élections.

"Le Premier ministre (Recep Tayyip Erdogan), les membres du gouvernements et les proches du pouvoir qui déclarent que le mouvement est un +Etat dans l'Etat+ ou un +Etat parallèle+ tiennent des propos complètement absurdes et faux", a jugé M. Usak dans un entretien accordé vendredi à l'AFP.

"Je considère cela comme de la diffamation et de la calomnie", ajoute dans un turc très châtié ce journaliste qui, dit-il "n'écrit plus depuis longtemps".

Dans le bâtiment ultramoderne qui abrite le siège de cette fondation chargée de diffuser la philosophie de l'imam Gülen, Cemal Usak revient avec des mots pesés sur le scandale de corruption qui éclabousse le régime islamo-conservateur et a attisé sa haine contre le mouvement religieux, baptisé Hizmet (Service).

"Pour faire toute la lumière sur cette affaire, la justice a présenté publiquement de nombreux documents, informations ou preuves", souligne-t-il, "mais ce dont le Premier ministre et le pouvoir accusent le mouvement Hizmet, à savoir d'être un Etat dans l'Etat ou un Etat parallèle, il n'a aucune preuve pour le justifier".

L'enquête lancée le 17 décembre par la justice turque a mis en cause des dizaines d'hommes d'affaires, patrons et élus proches du régime, provoqué la démission de trois ministres et précipité un vaste remaniement ministériel.

Depuis le début du scandale, M. Erdogan accuse, sans l'avoir jamais nommé, le mouvement Gülen, très influent dans la magistrature et la police, d'avoir manipulé l'enquête anticorruption pour fomenter un "complot" contre son régime, à quelques mois des élections municipales (mars) et présidentielle (août).

Longtemps très proches, le Parti de la justice et du développement (AKP) et la confrérie se sont brouillés à cause du projet du gouvernement, rendu public en novembre, de supprimer les écoles de soutien scolaire privées, qui assurent au Hizmet une large part de ses ressources financières.

"La relation qui nous unissait depuis des années avec l'AKP était une relation de coeur et d'adhésion à des valeurs communes", décrit Cemal Usak. "Mais ces dernières années, l'AKP a choisi de suivre d'autres voies et nous avons vécu une +séparation d'ordre sentimental+", ajoute-t-il, "nous vivons aujourd'hui la période la plus intense de cette séparation".

Pour le vice-président de la Fondation, les fractures qui divisent les deux ex-alliés sont profondes. "Est-ce que cette situation est durable ?", s'interroge l'ancien journaliste "güleniste". "De notre point de vue, elle ne pourra cesser que si le gouvernement fait la preuve de ses allégations ou s'il y renonce".

L'organisation dirigée depuis les Etats-Unis par M. Gülen, qui dispose de puissants moyens de communication en Turquie comme le premier quotidien du pays "Zaman" ("Le temps"), s'affirme issue de la seule société civile et se refuse à toute ambition politique.

Mais selon M. Usak, le conflit qui déchire le camp islamo-conservateur aura des effets sur les prochaines élections. "On peut s'attendre à ce que cette +séparation d'ordre sentimental+ ait des répercussions sur leur réputation (de l'AKP) et sur les élections".

"Le mouvement Hizmet ne fera pas ce qu'il s'est toujours refusé à faire, à savoir dire +il faut donner votre voix à tel ou tel parti+", conclut Cemal Usak. "Les citoyens prendront librement et individuellement leur décision. Mais moi, en tant que journaliste, je peux vous dire que, même si dans le passé cela a pu être le cas, le mouvement n'apportera pas son soutien, nécessaire, au pouvoir".

pa/jh

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