Un leader des Tatars de Crimée a relativisé samedi les craintes d'exode de cette communauté musulmane qui a boycotté le référendum conduisant au rattachement à la Russie et dit craindre avoir été déclaré persona non grata dans la péninsule.
"Il n'y a pas de tendance à l'exode de Crimée et j'espère que cela n'arrivera pas", a dit M. Djemilev, président du Medjlis, l'assemblée représentative des Tatars de Crimée, lors d'une conférence de presse à Kiev.
Selon le responsable, qui citait des chiffres compilés par l'ONU, "près de 1.000" Tatars ont franchi la frontière entre la Crimée et l'Ukraine continentale entre le 9 et le 17 mars, "essentiellement des femmes, des enfants et des personnes âgées". "Les hommes restent", a-t-il affirmé.
Les Tatars de Crimée, communauté musulmane représentant de 12% à 15% de la population de la péninsule de deux millions d'habitants, a boycotté le référendum qui s'est transformé en plébiscite en vue d'un rattachement à Moscou.
M. Djemilev a indiqué que les Tatars d'Ukraine se réuniraient en Congrès dans les semaines à venir pour décider de l'attitude à adopter envers le nouveau pouvoir en place à Simféropol mais reconnu qu'il serait difficile pour la population de s'opposer à l'autorité russe.
"Ils ne vont pas renoncer volontairement à la citoyenneté ukrainienne mais si la Russie impose l'adoption de la citoyenneté russe, les Tatars seront obligés de prendre ces passeports, il faut bien vivre", a-t-il estimé.
Il a par ailleurs indiqué craindre de se voir interdire l'entrée sur le sol de Crimée.
"Le parlement de la République autonome a adopté un texte qui interdit l'entrée sur le territoire de Crimée des députés (du parlement de Kiev, ndlr) qui ont voté pour la dispersion de cette assemblée", a expliqué M. Djemilev, lui-même député.
Le leader tatar a précisé que les noms figurant sur cette liste de personnes indésirables en Crimée n'avaient pas été révélés mais qu'il était concerné a priori.
"D'une manière ou d'un autre, je rentrerai en Crimée", a-t-il martelé, promettant "une surprise" aux autorités locales.
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