Le président du Conseil du trésor et responsable de la révision des programmes sociaux, Martin Coiteux, aurait-il des préjugés défavorables à l'endroit de certains programmes bénéficiant à des milliers de familles québécoises ? C'est l'impression qui se dégage de la lecture de son blogue (malheureusement en accès restreint depuis peu).
Croisade contre les services de garde
Monsieur Coiteux s'inscrit dans une mouvance qui semble considérer les services de garde publics comme étant la septième plaie d'Égypte. Pour une certaine droite québécoise, l'abolition pure et simple de ce programme, qui fait l'envie des citoyennes et citoyens de bien d'autres sociétés, suffirait à elle seule à régler le déficit du Québec.
Ces mêmes services de garde permettent à 70 000 femmes d'accéder au marché du travail, augmentant du même coup le PIB du Québec de plusieurs milliards de dollars. Selon l'étude de Pierre Fortin et Luc Godbout, de la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques de l'Université de Sherbrooke, les CPE s'autofinancent.
Pour Martin Coiteux, qui occupe l'importante fonction de président du Conseil du trésor, cette étude n'est pas crédible. C'est ce qu'il avançait, à tout le moins en 2012, dans les pages du quotidien La Presse. Pourtant, je ne l'ai pas entendu crier au biais et dénoncer le manque de crédibilité de M. Godbout lorsque ce dernier a déposé son rapport d'expert sur l'état des finances publiques avec son collègue Claude Montmarquette...
Des arguments qui ne tiennent pas la route
Prenons les arguments de M. Coiteux si vous le voulez bien. Dans sa missive au quotidien montréalais, le professeur des HEC d'alors affirmait que l'étude de Fortin, Godbout et consorts ne tenait pas compte des emplois qui auraient été créés, n'eût été la mise sur pied de ce programme de services de garde. Dans cet essai d'économie-fiction, le professeur Coiteux supputait qu'en l'absence de services de garde subventionnés, il se serait quand même créé d'autres emplois puisque le gouvernement aurait investi ailleurs les deux milliards que le programme coûte.
Cet ailleurs, il se garde bien de le définir. Garderies privées, PPP en santé, tableaux blancs interactifs, Plan Nord, infrastructures routières, tout est permis lorsqu'on a de l'imagination ! Cependant, ce programme a été mis en place. Non seulement il a généré des emplois de qualité pour les femmes (éducatrices, personnel de soutien ou des services alimentaires, etc.), mais il aura aussi permis, je le répète, à 70 000 femmes de réintégrer le marché de l'emploi.
Et c'est là que ce programme trouve tout le fondement de son excellence et sa raison d'être. Ce puissant levier d'égalité femme-homme a permis au Québec de faire un pas de géant en la matière. On ne parle pas ici d'hypothétiques emplois qui vont peut-être, ne sait-on jamais, bénéficier à des femmes en bout de piste. On parle ici d'un programme concret qui stimule l'emploi et les naissances, qui fait du Québec un endroit attrayant pour l'immigration et l'investissement, qui apporte des bénéfices importants pour les enfants et, qui plus est, s'autofinance en générant même des profits.
Comme la chroniqueuse Judith Lussier le soulignait avec justesse dans le Journal Métro, même sans être rentables, les services de garde éducatifs publics ont leur place puisqu'ils viennent corriger une iniquité systémique entre les femmes et les hommes.
« On s'en rend compte lorsqu'un fin finaud libertarien recommande à la place que les parents aient droit à des crédits d'impôt qu'ils pourraient utiliser de la manière qu'ils jugent pertinente : à salaire inégal, qui prendra la décision de rester à la maison, d'après vous ? » La question est extrêmement pertinente !
L'étude de Godbout et Fortin démontre que toutes choses étant égales, les services de garde éducatifs publics ont permis à des femmes d'accéder au marché du travail alors qu'elles n'y auraient pas accédé en l'absence de ce programme. En soi, cela justifie son existence à mes yeux. Ce programme a non seulement sa raison d'être, mais il se doit d'être bonifié pour qu'enfin, toutes les familles québécoises puissent avoir une place si elles le désirent. Malheureusement, j'ai l'impression que ce n'est pas dans cette direction qu'on nous amène...
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