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Le lourd passif du PLQ envers les immigrants

Avant de s'attaquer aux autres partis sur l'immigration, Philippe Couillard devrait plutôt regarder en pleine face le bilan du PLQ.
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Il y a quelques jours, le premier ministre Philippe Couillard accusait le Parti québécois et la Coalition Avenir Québec d'avoir un «lourd passif» envers les immigrants. On ne peut pas dire que c'est une nouvelle accusation de la part des libéraux. Régulièrement, on les entend dire que les péquistes et les caquistes sont xénophobes, qu'ils ont une haine envers les immigrants, et ils laissent entendre que le bilan du PLQ envers les immigrants est reluisant. Mais est-il vraiment mieux que celui du PQ ou de la CAQ?

Le Parti libéral du Québec (PLQ) se décrit comme un parti multiculturaliste depuis les années 2000. Auparavant, le parti avait plus-ou-moins la même position que celle de la CAQ présentement, c'est-à-dire un parti nationaliste, mais fédéraliste. C'est par ailleurs Robert Bourassa qui adopta la Loi 72 en 1974, qui visait à renforcer la langue française au Québec, avant d'être remplacée par la loi 101. Par la suite, c'est sous Jean Charest que le Parti libéral du Québec s'est mis à se «multicultulariser».

Constatant la rapide croissance de l'immigration au Québec et les conséquences du commentaire maladroit de Jacques Parizeau en 1995 («argent et vote ethnique») qui avait créé un mur entre le Parti québécois et les immigrants, le chef libéral élu en 1998 a profité des circonstances pour placer son parti là où il lui serait le plus profitable.

Dès l'élection de 2003, le nom du parti a été modifié sur le bulletin de vote, en changeant de Parti libéral du Québec à Parti libéral du Québec/Quebec Liberal Party (P.L.Q./Q.L.P.). Il s'est aussi créé un pacte social entre les immigrants et ce parti. En échange du vote des membres des communautés culturelles, le Parti libéral ne ferait rien contre eux.

Mais il faut noter quelque chose d'important sur ces événements. Le PLQ n'est pas un parti qui porte naturellement à coeur les intérêts des immigrants. Sa «multiculturalisation» a été tracée par opportunisme lors des événements des années 1990. C'était tout simplement un calcul politique. Et cela change tout.

Si le Parti libéral promet aux communautés culturelles de ne rien faire contre eux, il ne fait rien pour les aider non plus. Ainsi, à l'arrivée au pouvoir du Parti québécois en 2012, soit après près de 10 ans de gouvernement libéral, la situation des immigrants au niveau de l'emploi était désastreuse.

Avec des niveaux de scolarisation beaucoup plus élevés que la moyenne des Québécois d'origine, les immigrants avaient un taux de chômage de deux à trois fois supérieur. L'écart de salaire entre les immigrants et les Québécois natifs s'est creusé. L'expérience de travail étrangère était moins reconnue. Rien ne s'est amélioré en près de 10 ans sous Jean Charest, et ce n'est pas différent sous Philippe Couillard.

Pourquoi les libéraux au pouvoir n'y font rien? Parce qu'ils prennent le vote des immigrants pour acquis. Ils se disent: «à quoi bon dépenser notre énergie pour les aider si de toute manière nous aurons leurs votes aux prochaines élections?». Si le Parti libéral du Québec avait été naturellement un parti pro-immigration, ses élus auraient amélioré leur situation, même s'il n'y avait aucun profit politique à faire, simplement par principe.

Au PLQ, on voit les immigrants comme des outils politiques, pas comme des membres de la société qui ont des besoins. C'est pour cela que le parti augmente sans cesse le seuil d'immigration. Pour aider les gens qui fuient les horreurs de leur pays? Non, parce que ça augmentera leur base électorale.

C'est aussi pour cette raison qu'en 2005, le gouvernement au pouvoir avait proposé le projet de loi 53 qui visait la réduction de l'immigration francophone du Maghreb.

Les immigrants ont-ils besoin d'être bien intégrés? Non, au contraire, selon la haute administration libérale. Il faut les tenir loin de la langue française pour qu'ils deviennent des partisans libéraux.

C'est pour cela que les budgets à l'intégration diminuent sans cesse. C'est pour cela que Philippe Couillard traite François Legault de xénophobe quand ce dernier propose de faire passer un test aux immigrants trois ans après leur arrivée au Québec afin évaluer leur apprentissage de la langue française et de l'histoire du Québec. Parce que si les immigrants connaissent ces choses-là, ils risquent de voter pour d'autres partis que le PLQ.

Le bilan du PLQ envers les immigrants est désastreux. La haute direction du parti les manipule, les utilise et ne fait rien pour améliorer leur sort. Avant de s'attaquer aux autres partis sur l'immigration, Philippe Couillard devrait plutôt regarder en pleine face le bilan du PLQ.

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11 controverses du gouvernement Couillard
L'affaire Bolduc(01 of12)
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Alors qu'il était député de l'opposition, le docteur Yves Bolduc a reçu une prime de 215 000$ pour prendre en charge des patients pendant une période minimale de douze mois. Avec la défaite du gouvernement Marois, et son retour à un poste de ministre, Yves Bolduc a dû abandonner une partie de ses patients avant la fin du contrat. La prime, créée lors de son passage comme ministre de la Santé, visait à inciter les médecins à prendre en charge des patients sur une liste d'attente pour une période minimale de douze mois. De nombreux critiques ont souligné que le docteur Bolduc n'aurait pas dû prendre en charge ces patients, sachant que le gouvernement minoritaire de Pauline Marois pouvait tomber à tout moment. D'autres ont également sourcillé en apprenant qu'Yves Bolduc conciliait un travail de député et les responsabilités de médecin. Après deux semaines de controverse, le ministre Bolduc a accepté de rembourser la moitié des sommes perçues en trop, tel que réclamé par la RAMQ, en plus d'offrir l'autre moitié à des organismes de charité. (credit:PC)
L'affaire Lisée(02 of12)
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L'opposition y a vu une tentative de diversion pour faire oublier l'affaire Bolduc. La ministre des Relations internationales, Christine St-Pierre, a soulevé des doutes sur le nombre de passages en France de son prédécesseur, Jean-François Lisée. Ce dernier a prolongé des missions ministérielles dans l'Hexagone pour passer du temps avec sa conjointe et ses enfants. Christine St-Pierre s'est alors interrogée publiquement, et sans preuves, sur les coûts engendrés par les contribuables. Vexé, Jean-François Lisée a rétorqué qu'il a payé tous les frais supplémentaires. Le député de Rosemont a alors enjoint à la ministre de s'excuser publiquement, faute de quoi il intenterait une poursuite en diffamation. Christine St-Pierre s'est exécutée le lendemain, mettant un terme à la controverse. (credit:PC)
L'affaire Bolduc, prise 2(03 of12)
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Après avoir plongé son gouvernement dans l'embarras avec l'histoire des primes pour son travail de médecin, le ministre de l'Éducation Yves Bolduc a fait parler de lui pour une déclaration malheureuse. Alors que les commissions scolaires sont confrontées à d'importantes compressions budgétaires, Yves Bolduc a affirmé qu'il ne voyait pas de problèmes à ce qu'elles achètent moins de livres. « Il n’y a pas un enfant qui va mourir de ça et qui va s’empêcher de lire, parce qu’il existe déjà des livres [dans les bibliothèques] », a-t-il déclaré au journal Le Devoir. Quelques jours plus tard, le ministre a dû s'excuser devant le tollé soulevé dans le monde de l'édition et dans la population. « Je tiens à le dire, je suis très malheureux de la déclaration que j'ai faite. Ça a été une déclaration très malhabile », a-t-il dit.
Heurtel blâme les fonctionnaires(04 of12)
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Le ministre de l'Environnement a refusé de prendre la responsabilité pour un certificat d'autorisation émis à TransCanada pour son projet de port pétrolier à Cacouna sans avoir obtenu d'avis scientifique. David Heurtel a plutôt rejeté la faute sur les fonctionnaires, qui auraient autorisé le projet. Seulement, dans un système parlementaire, le ministre est responsable des actions de son ministère. Depuis, le ministre Heurtel prend rarement la parole et répond encore plus rarement aux questions des journalistes. (credit:PC)
Gaétan Barrette insulte Claude Castonguay, la CAQ et les jeunes médecins(05 of12)
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Le ministre de la Santé n'a pas la langue dans sa poche et il l'a prouvé dans le cadre de l'affaire Bolduc. Gaétan Barrette a qualifié de «foutaises» les propos de son prédécesseur Claude Castonguay, qui avait demandé la démission d'Yves Bolduc, en plus d'établir un lien entre les agissements de ce dernier et la commission Charbonneau. Le ministre Barrette a accolé le même terme aux propos du chef de la CAQ François Legault et son leader Éric Caire. Les jeunes médecins ne furent pas en reste: «La charge de travail qu'Yves Bolduc avait, ça peut être un équivalent à temps plein pour un jeune de 28 ans, mais pour quelqu'un de cette génération, c'est l'équivalent d'un temps partiel».Avec PC (credit:PC)
L'évasion d'Orsainville(06 of12)
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L'évasion de trois détenus du Centre de détention d'Orsainville a entraîné la ministre de la Sécurité publique dans la première controverse majeure du gouvernement Couillard. Alors que l'évasion est survenue un samedi, la ministre Lise Thériault a donné son premier point de presse le lundi matin. Par la suite, la ministre a fourni de nombreuses informations qui se sont avérées fausses. Lise Thériault a notamment affirmé que le juge Louis Dionne avait ordonné l'abaissement de la cote de sécurité des détenus. Or, la cote de sécurité avait été abaissée uniquement pour les jours d'audience du tribunal, alors que l'évasion est survenue un samedi. Lise Thériault a ajouté à la controverse en ajoutant qu'un membre de son entourage lui a menti. Une enquête administrative est présentement en cours. (credit:PC)
Le doigt d'honneur de Julie Boulet(07 of12)
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La députée de Laviolette, et ex-ministre, Julie Boulet a connu un retour en chambre mouvementé après son passage à la commission Charbonneau. Son témoignage avait été marqué par de nombreux trous de mémoire, notamment au sujet de l'objectif de financement de 100 000$ pour chacun des ministres. Alors qu'un député péquiste posait une question sur son passage devant la commission, Julie Boulet a fait un doigt d'honneur en direction des banquettes des députés péquistes. Julie Boulet s'est rapidement excusée à la sortie du Salon bleu. Elle a expliqué que la question lui semblait «tendancieuse». (credit:Capture d'écran)
Moratoire dans les CPE(08 of12)
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Peu après son entrée en fonction, la ministre de la Famille Francine Charbonneau a décrété un gel dans l'attribution de nouvelles places en garderies subventionnées. La nouvelle a inquiété de nombreux parents qui s'étaient vus promettre une place pour leurs petits, de même que des propriétaires sur le point d'ouvrir leur établissement. La grogne a finalement fait reculer la ministre, qui levé le moratoire pour les places déjà prévues dans l'année en cours. (credit:PC)
La volte-face de Kathleen Weil(09 of12)
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La ministre de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion s'est mise dans l'embarras en affirmant qu'elle n'aurait aucune objection à travailler avec un intégriste religieux, si celui-ci ne représente pas un danger. Mais, oups, la ministre Weil a fait marche arrière à peine quelques heures plus tard, changeant son discours du tout au tout. «Ce serait impossible que quelqu'un comme ça se retrouve dans mon cabinet, vraiment impossible», a-t-elle finalement tranché. (credit:PC)
Les fouilles à nu respectueuses(10 of12)
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C'est une troisième prise contre le ministre Bolduc. Dans les couloirs du parlement, plusieurs estiment que le ministre de l'Éducation sera remplacé lors d'un remaniement ministériel, probablement en juin. Après sa prime comme médecin et son commentaire sur les livres dans les bibliothèques scolaires, Yves Bolduc a glissé sur le dossier des fouilles à nu. Le ministre a affirmé que les fouilles à nu sur des élèves du secondaire étaient permises, en étant que cela soit fait de manière «très respectueuse». Si le ministre avait peut-être raison sur l'aspect légal (le débat se poursuit à ce sujet), sa réaction a choqué la population. Deux jours plus tard, le premier ministre désavouait son ministre en affirmant en chambre qu'il n'y aurait plus de fouilles à nu dans les écoles, à moins de cas extrême. Le lendemain, Yves Bolduc démissionnait de toutes ses fonctions. (credit:PC)
Les ministres muselés(11 of12)
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Peu après la déclaration d'Yves Bolduc sur les fouilles à nu, les ministres ont reçu la consigne de ne plus s'adresser aux médias avant le caucus matinal. Ils pourront désormais parler aux journalistes une fois qu'ils auront été «briefés» sur leurs dossiers. Plusieurs groupes ont dénoncé la manoeuvre, certains y voyant même une «Harperisation» du contrôle de l'information au gouvernement Couillard. (credit:PC)
Gaétan Barrette et le CHUM(12 of12)
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Le directeur général du CHUM, Jacques Turgeon, a démissionné de ses fonctions au début du mois de mars en accusant le ministre de la Santé Gaétan Barrette «d'abus de pouvoir et d'ingérence politique inacceptable». Jacques Turgeon reprochait au ministre de lui avoir imposé de maintenir en poste le chef du département de chirurgie du CHUM, le Dr Patrick Harris. Cinq jours plus tard, le DG a repris ses fonctions après avoir obtenu du bureau du premier ministre l'assurance de Gaétan Barrette respecterait ses prérogatives.

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