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Les photos qui racontent sans détour l'intimité des personnes handicapées

Les photos qui racontent sans détour l'intimité des personnes handicapées
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JEROME DEYA

Le sexe, la sensualité, la suavité appartiennent à tout le monde. C'est ce qu'a voulu montrer le photographe Jérôme Deya avec ses photos de «corps dérangeants».

Plusieurs couples, dont l'un des deux membres au moins souffre d'un handicap physique, ont accepté de poser ensemble dans un moment très intime. Pour Jérôme Deya, ce sont les valides qui imposent des limites aux personnes handicapés, sans avoir conscience du peu de liberté dont ils disposent.

«Ce travail se veut un hymne au corps que l’on évite ou que l’on cache. Ce corps tordu qui – comme tout autre – exprime sa sensualité, ses émotions, pour une ode à l’amour, réalité partagée par tous, quels que soient son apparence, son héritage, son handicap.

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La situation des personnes handicapées n’est-elle que le reflet de la perception qu’un peuple a de ses semblables "différents"?

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Sous prétexte de corps "abîmés", les personnes handicapées auraient-elles moins de droits que les autres? Leur accès à la sexualité serait-il secondaire? Aurions-nous tendance à oublier qu'il y a une personne derrière un handicap? La véritable barrière entre personnes valides et handicapées est la plupart du temps dressée par les valides. Elle n’est en général justifiée que par des préjugés. Et lorsqu'ils s'effondrent, il ne reste que deux êtres face à face qui se découvrent… si semblables.»

Les textes accompagnant ces photos ont été écrits par les personnes photographiées et remis en forme par une journaliste.

Découvrez les clichés de Jérôme Deya dans la galerie ci-dessous :

Les photos qui racontent sans détour l'intimité des personnes handicapées
Daniel et Aminata(01 of05)
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Daniel : «Je suis atteint d’une maladie génétique, 'l’ataxie de Friedreich', et l’accompagnement reste à ce jour le seul moyen pour moi d’avoir une sexualité. Depuis qu’elle m’a fait vivre des moments magiques, Aminata est maintenant une fée de passage dans ma vie. Par la douceur de son toucher, elle m’a réconcilié avec un corps qui était devenu, avec l’évolution de la maladie, mon pire ennemi. Merci à elle!»Aminata (accompagnante sexuelle) : «J’ai vécu longtemps sans être touchée : enfant, il y avait peu de gestes. Je comprends ce que cela engendre: le manque d’estime de soi, le fait de ne pas se sentir femme, la solitude... Je me sentais moi-même handicapée sur ce plan. Aujourd’hui, j’aide des personnes handicapées à retrouver une forme d’autonomie à travers la sexualité, mais j’apprends aussi beaucoup auprès d’elles, humainement.» (credit:JEROME DEYA)
Alex et Alixia(02 of05)
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Alex : «À 18 ans, j’ai fait une hémorragie cérébrale après une chute d’escalier. J’ai mis cinq ans à reparler. Ce que l’on éprouve quand, de nouveau, on peut communiquer avec un autre est indicible. Il n’y a pas que les mots : les regards, les caresses… Le corps est aussi un langage dont j’ai réappris l’alphabet. Je vis toujours dans un fauteuil. Et je devrais, en plus, être frustrée sexuellement?»Alixia : «J’ai rencontré Alex il y a trois ans : étant modèle, je voulais qu’on pose nues ensemble. C’est aujourd’hui une amie et une amante. J'ai un handicap de santé et des séquelles d'accident, même si cela se voit moins. Notre droit à la sexualité dérange, tout comme le droit à être parent pour les homosexuels. Il est essentiel de créer par l'image un univers à part au-delà du handicap et des normes, notre réalité unique.» (credit:JEROME DEYA)
Aurélie et Mickaël(03 of05)
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«Aurélie et moi fréquentons le même Établissement d’Aide par le Travail dans le Loir-et-Cher. C’est là que nous nous sommes rencontrés, il y a huit ans. Malgré mon handicap – je souffre de la "maladie des os de verre" – je suis plutôt autonome au quotidien. Mais dans l’intimité, Aurélie doit être très douce vis-à-vis de moi. Or, à cause de son "Infirmité Motrice Cérébrale", elle peut avoir des difficultés à contrôler ses mouvements, surtout sous le coup de l’émotion! Cet apprentissage commun du handicap de l’autre fait peut-être notre force : nous discutons beaucoup et nous sommes capables de faire des concessions. Rien d’extraordinaire, en somme. Mais nous voulions montrer ce que peu de gens conçoivent : on peut être handicapé et avoir une vie amoureuse tout à fait normale.» (credit:JEROME DEYA)
Catherine et François(04 of05)
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«François est né atteint de myopathie. Ses muscles étaient atrophiés et il avait subi une trachéotomie à 14 ans. Il se déplaçait en fauteuil roulant. Sa rencontre, en 2004, a changé ma vie. François était combatif et généreux. Nous étions heureux ensemble. Unis, liés, perdus l’un sans l’autre. Nous vivions intensément chaque moment partagé, car le temps lui était compté.Le handicap de François n’était pas un problème, la maladie oui. Nos relations intimes étaient infiniment tendres et douces car ses difficultés de mouvement nous avaient obligés à inventer notre sexualité. Il avait appris à "aimer" son corps à travers mon regard. La myopathie est évolutive. François nous a quittés à l’âge de 46 ans. Nous avons lutté jusqu'au bout, ensemble. Nous sommes toujours ensemble.» (credit:JEROME DEYA)
Julie et Thomas(05 of05)
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«C'est le destin qui distribue les cartes, mais c'est nous qui les jouons.» - Randy Pausch«L'amour se construit et s'exprime à deux. Il arrive parfois que notre relation de couple soit plus ou moins compliquée, mais – handicap ou non – cette situation est la même pour tout le monde. Nous avons appris à vivre chacun avec les qualités et défauts de l’autre.Il n’en est pas moins vrai que quand la confiance est là, le handicap n’est plus, et depuis maintenant quatre ans de vie de couple, chacun de nous deux a appris à découvrir, à vivre avec, mais surtout à être à l’écoute de l’autre. Et cela tous les jours et encore aujourd’hui.Hormis le fait que la «maladie des os de verre» atteint la totalité de mes membres en les rendant vulnérables, cette fragilité n'a pas encore atteint mon cœur, car Thomas s'en occupe avec précaution.» (credit:JEROME DEYA)
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