Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Le vote afro-américain, une carte maîtresse dans le jeu démocrate

Sept ans après l'élection du premier président noir des États-Unis, la question raciale reste une épine dans le pied de l'Amérique.
|
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Sept ans après l'élection du premier président noir des États-Unis, la question raciale reste une épine dans le pied de l'Amérique. La mobilisation populaire contre les violences policières et la tuerie de Charleston semblent avoir agi comme un révélateur de l'état de la société américaine, plus que jamais rappelée à un passé raciste et ségrégationniste que l'on croyait révolu. La presse n'a pas manqué de révéler au grand jour que le drapeau confédéré de l'ancien Sud esclavagiste flottait encore dans certains États, comme un témoignage des tensions raciales qui, 51 ans après la fin de la ségrégation, divisent encore les États-Unis. Dans l'arène politique, Donald Trump n'hésite pas à utiliser le scepticisme de certains Américains ultraconservateurs à l'égard de la religion et de la nationalité de Barack Obama dans sa stratégie électorale. Favori des sondages pour la primaire républicaine, Donald Trump est depuis 2011 le chef de file du mouvement des «birthers», qui avait mené le président à rendre public son extrait de naissance afin de prouver qu'il était bien né citoyen américain. Lors d'une rencontre dans le New Hampshire le 17 septembre dernier, Donald Trump s'est bien gardé de contredire un membre du public qui affirmait qu'Obama «était musulman» et que «le problème de ce pays, ce sont les musulmans.»

Or, c'est précisément auprès de la communauté noire américaine qu'Hillary Clinton a une carte à jouer. Historiquement, le vote des Noirs américains n'a rien d'une inconnue : depuis des décennies, les Afro-Américains votent majoritairement pour le parti démocrate. La présence et la médiatisation de candidats noirs aux dernières primaires républicaines, comme l'homme d'affaires Herman Cain en 2012 ou le neurochirurgien Ben Carson, numéro deux des sondages actuels, n'a pour ainsi dire rien changé à la donne. L'une des forces d'Hillary Clinton est justement d'être l'ultra-favorite de cet électorat, alors que son principal concurrent Bernie Sanders multiplie les opérations séduction auprès de ce groupe d'électeurs, sans grand succès. En juillet, l'ex-Secrétaire d'État de Barack Obama affichait un taux d'opinion favorable de 80% au sein de la communauté noire, contre 23% pour Bernie Sanders. Hillary Clinton a donc une carte à jouer pour mobiliser cet électorat afin de transformer ces opinions favorables en votes. Alors que sa campagne s'enlise dans le scandale des courriels et que les sondages en sa faveur sont en chute libre, la candidate démocrate ferait bien d'exploiter sa popularité auprès des Afro-Américains afin de redorer son parcours électoral.

Proche du révérend Jesse Jackson, leader emblématique du mouvement pour les droits civiques et candidat afro-américain malheureux à l'investiture démocrate en 1984 et 1988, Hillary Clinton doit également cette popularité à son histoire personnelle. Ayant commencé sa carrière comme avocate de familles défavorisées, notamment noires, à Chicago, elle peut compter sur l'image de son mari Bill qui a pu passer, selon le prix Nobel de littérature Toni Morrison en 1998, pour «le premier président noir des États-Unis». Élevé dans une famille monoparentale pauvre dans l'État rural et sudiste de l'Arkansas, Bill Clinton a toujours bénéficié de la sympathie de la communauté afro-américaine.

Pourtant, il y a fort à parier qu'Hillary Clinton se devra d'articuler un message clair à l'attention de la communauté afro-américaine. Un peu plus d'un an après le drame de Ferguson et à l'issue d'une année 2015 marquée par les brutalités policières et la tuerie raciste de Charleston, Hillary Clinton ne pourra se contenter de ses amitiés et du souvenir de son engagement passé afin de conforter sa popularité traditionnelle auprès des Afro-Américains. L'activisme du mouvement social «Black Lives Matter», qui a pris forme sur les réseaux sociaux en réaction aux violences policières contre les Noirs américains, promet particulièrement de la pousser dans ce sens. Fin août, en marge d'un rassemblement de campagne, elle a notamment été prise à partie par de jeunes représentants du mouvement sur son bilan législatif des années 1990, notamment au sujet de son soutien de la loi pénale de 1994. Cette loi prévoyait des périodes d'emprisonnement plus longues et plus fréquentes, notamment pour les petits délits, et est largement considérée comme l'un des facteurs de l'explosion du nombre de détenus noirs dans les prisons américaines depuis le milieu des années 1990. Dans une interview de juin 2015, Bill Clinton n'a d'ailleurs pas hésité à exprimer ses regrets par rapport aux conséquences dramatiques de cette loi sur la situation carcérale des Afro-Américains.

La réforme pénale prévue par Barack Obama à l'automne pourrait être une occasion législative idéale pour Hillary Clinton, lui permettant de désavouer cet héritage qui menace de la desservir. Elle aurait tout intérêt à exprimer à cette occasion une prise de position ambitieuse et libérale afin de multiplier les signaux en direction de la communauté afro-américaine. Alors que la presse n'a de cesse de titrer sur la perte de vitesse de sa campagne, Hillary Clinton a en effet tout intérêt à mobiliser un électorat qui pourrait bien faire pencher la balance en sa faveur en 2016.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Les candidats à la présidentielle américaine 2016
Hillary Clinton - 67 ans(01 of20)
Open Image Modal
Elle est, à ce stade, la candidate préférée des électeurs démocrates qui sont 60% à vouloir voter pour elle. Grande habituée de la politique et aidée par de nombreux soutiens financiers, l'ancienne secrétaire d'État devrait remporter la nomination du parti mais fait l'objet d'attaques sur d'éventuels conflits d'intérêts qui pourront lui poser problème par la suite.
Lincoln Chafee - 62 ans(02 of20)
Open Image Modal
Élu sénateur de Rhode Island de 1999 à 2007 dans le camp républicain, Lincoln Chafee a quitté le parti à la fin de son mandat car il en trouvait la ligne de plus en plus conservatrice. Il a soutenu Obama en 2008 et est devenu gouverneur de Rhode Island en tant qu'indépendant en 2011. Il compte se présenter pour la présidentielle 2016 sous l'étiquette "démocrate".
Martin O'Malley - 52 ans(03 of20)
Open Image Modal
Gouverneur du Maryland de 2007 à 2015, c'est son bilan en tant que maire de Baltimore de 1999 à 2007 qui est aujourd'hui sous les feux des projecteurs. Sa politique "tolérance zéro" pendant cette période a fait augmenter le nombre d'arrestations et diminuer les crimes mais certains estiment que cela a contribué aux tensions qui frappent actuellement la ville.
Bernie Sanders - 72 ans(04 of20)
Open Image Modal
Bernie Sanders est unique au Congrès: il est le seul parlementaire à épouser l'étiquette "socialiste", et l'un des deux indépendants. C'est la nomination du camp démocrate qu'il va pourtant chercher en vue de 2016. Au-delà du Vermont, qu'il a représenté à la Chambre des représentants de 1991 à 2007, et au Sénat où il siège depuis, sa notoriété est cependant faible.
Jeb Bush - 62 ans(05 of20)
Open Image Modal
Pas encore déclaré officiellement à la primaire, le troisième Bush qui cherche à conquérir la Maison Blanche est en tête des sondages pour l'investiture républicaine. Gouverneur de Floride pendant huit ans, il souffre cependant d'une expérience internationale limitée et se "force" donc à aller quatre fois par an en Asie "pour en comprendre les dynamiques régionales".
Scott Walker - 47 ans(06 of20)
Open Image Modal
Le gouverneur du Wisconsin est l'ennemi public des syndicats pour avoir remis en cause des acquis sociaux de fonctionnaires en 2011. Cette bataille a fait sa réputation nationale. Il cultive une image d'Américain ordinaire du Midwest
Marco Rubio - 43 ans(07 of20)
Open Image Modal
Né de parents cubains immigrés aux États-Unis à la fin des années 1950, Marco Rubio a été élu en 2010 au Sénat pour la Floride, battant un politique important aux primaires de l'époque. Il fait aujourd'hui partie des candidats préférés des électeurs républicains et fait même de l'ombre à Jeb Bush.
Donald Trump - 68 ans(08 of20)
Open Image Modal
Il avait déjà sérieusement réfléchi à se lancer dans la course à la Maison Blanche pour remplacer Barack Obama en 2012 mais avait renoncé au dernier moment car il ne se sentait pas prêt à quitter le secteur privé. Mardi 16 juin, Donald Trump a finalement sauté le pas et a annoncé, depuis sa Trump Tower à New York, sa candidature aux primaires républicaines en vue de la présidentielle de 2016.
Ted Cruz - 44 ans(09 of20)
Open Image Modal
Sénateur du Texas et figure de l'ultra-conservateur Tea Party, Ted Cruz est à la droite du parti républicain. Excellent orateur et avocat de causes conservatrices, il est à ce stade loin dans les sondages, un retard qu'il devra combler en levant des fonds pour rivaliser avec les mieux dotés de ses adversaires.
Rick Perry - 65 ans(10 of20)
Open Image Modal
Candidat en 2012 à l'investiture républicaine, Rick Perry avait effectué un bon départ mais avait vu les intentions de vote rapidement chuter après plusieurs polémiques et déclarations chocs. Il a gardé son poste de gouverneur du Texas, où il était depuis 2000, jusqu'en 2015.
Rand Paul - 52 ans(11 of20)
Open Image Modal
Ce sénateur du Kentucky se veut le candidat "de la liberté" face à l'establishment, représenté par Jeb Bush. Ophtalmologiste de profession, il a peu d'expérience politique: il n'a été élu qu'en novembre 2010, lancé par le mouvement naissant du Tea Party. Il se considère conservateur sur les questions économiques mais libéral sur les questions de société.
Chris Christie - 52 ans(12 of20)
Open Image Modal
À 52 ans, le gouverneur du New Jersey est une forte personnalité un temps considéré comme l'un des espoirs de son parti, mais à l'image ternie par le scandale du "Bridgegate" en 2014.En janvier 2014, l'entourage de ce républicain modéré avait été accusé d'avoir organisé des embouteillages monstres en fermant plusieurs voies d'accès au Washington Bridge, qui relie le New Jersey à New York. La mesure visait à se venger du maire démocrate de Fort Lee, ville située à l'entrée du pont, qui avait refusé de soutenir la campagne de réélection de Christie. Le gouverneur avait affirmé avec véhémence ne pas être au courant, et avait licencié sa chef de cabinet adjointe. Sans forcément convaincre, même s'il n'a jamais été poursuivi.
Bobby Jindal - 44 ans(13 of20)
Open Image Modal
Le gouverneur de Louisiane a été le treizième à ajouter son nom à une liste de candidats républicains dans la course à la Maison Blanche.Très critique de la politique d'Obama contre le groupe Etat islamique, il est aussi opposé au mariage homosexuel et à la réforme de l'éducation. Fils d'immigrés indiens, converti au catholicisme, Bobby Jindal dirige l'Etat conservateur de Louisiane, dans le sud, depuis 2008. Il fut le premier Américain d'origine indienne à être élu gouverneur d'un Etat américain.Jeune diplômé d'Oxford, il fut consultant dans le grand cabinet de conseil McKinsey avant de revenir dans sa Louisiane natale pour se lancer dans une carrière publique puis politique, avec jusqu'ici un grand succès. Mais sa popularité nationale est à ce stade quasi-nulle.
Mike Huckabee - 59 ans(14 of20)
Open Image Modal
Gouverneur de l'Arkansas de 1996 à 2007, cet ancien pasteur baptiste très conservateur a été candidat à la primaire républicaine pour l'élection présidentielle de 2008 mais est arrivé loin derrière John McCain.
Ben Carson - 63 ans(15 of20)
Open Image Modal
Ce neurochirurgien à la retraite est devenu l'une des figures des conservateurs ces dernières années. Il n'a pourtant que très peu d'expérience en politique, ne s'était jamais présenté à une élection et a seulement rejoint le parti républicain en novembre 2014. Ce sont avant tout ses livres et sa carrière médicale, qui a inspiré un téléfilm, qui lui ont permis de se faire connaître.
Rick Santorum - 57 ans(16 of20)
Open Image Modal
À 57 ans, l'ancien sénateur de Pennsylvanie est le champion de la droite religieuse et vainqueur des primaires de l'Iowa en 2012. Cette seconde tentative sera cependant plus délicate car il n'a plus été sous le feu des projecteurs depuis longtemps et reste marqué par ses déclarations polémiques sur l'homosexualité.
Lindsey Graham - 59 ans(17 of20)
Open Image Modal
Ce républicain est devenu sénateur de la Caroline du Sud en janvier 2003. S'il est particulièrement favorable aux interventions dans les pays étrangers, il se distingue par sa volonté de travailler avec les démocrates sur des sujets comme le changement climatique ou la réforme des impôts.
Carly Fiorina - 60 ans(18 of20)
Open Image Modal
Elle a dirigé le groupe informatique Hewlett-Packard durant six ans, jusqu'en 2005 quand elle a été forcée de démissionner alors que les bénéfices plongeaient. Elle a alors été classée parmi les pires PDG du pays. Elle a ensuite conseillé McCain en 2008 dans sa campagne malheureuse puis a tenté de devenir sénatrice de Californie en 2010, mais sans succès.
George Pataki - 69 ans(19 of20)
Open Image Modal
Ancien gouverneur de l'Etat de New York au moment des attentats du 11-Septembre, il se présente comme un modéré qui peut dépasser les "divisions partisanes" mais est pour l'heure absent de tous les sondages
John Kasich - 63 ans(20 of20)
Open Image Modal
Le gouverneur de l'Ohio, réélu dans un fauteuil en novembre, tentera d'élever au niveau national son expérience exécutive locale.

Open Image Modal
Open Image Modal
-- Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.