Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Loto-Censure, un nouveau service du gouvernement du Québec

Le gouvernement et Loto-Québec s'apprêtent à poser un geste qui non seulement nous placerait en compagnie de pays comme la Chine, mais ouvrirait la porte à toutes sortes d'autres mesures de censure d'Internet.
|
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Dans le cadre du projet de loi 74, le gouvernement veut bloquer tous les sites Internet de jeu d'argent qui ne sont pas «autorisés» par le gouvernement provincial. Le seul site autorisé est bien sûr Espace Jeux, le site de Loto-Québec, entreprise qui, comme vous le savez, appartient au gouvernement. Donc pour se conformer à cette éventuelle mesure, plus de 2 200 sites devront être bloqués.

Le gouvernement veut policer l'Internet mais ne veut pas défrayer les coûts de ses ambitions. Peut-être parce qu'il sait que ce sera un casse-tête informatique et juridique, en plus d'un gouffre financier sans fond. Pas grave, se dit-il, ce sont les entreprises qui se chargeront de la facture. Qui, pensez-vous, finira par payer ?

Qui sera mandaté par le gouvernement du Québec pour faire la police de l'internet ? La Sûreté du Québec ? Une nouvelle brigade anticensure ? Eh bien non, le gouvernement du Québec souhaite obliger les fournisseurs Internet à bloquer l'accès à ces sites.

Le gouvernement veut-il bloquer vos sites de jeu préférés pour des raisons de santé, de jeu pathologique, ou pour des raisons liés à la criminalité ? La réponse est non.

En réalité, le gouvernement veut censurer Internet dans le but d'en tirer un gain commercial.

Le gouvernement veut que son entreprise de jeu de hasard fasse encore plus d'argent. Et pour ce faire, rien de plus efficace, croit-il, que d'empêcher la concurrence. C'est la bonne vieille méthode SAQ !

Les profits de Loto-Québec ont chuté ces dernières années, et comme les sites privés de jeux en ligne génèrent quelque 200 millions de dollars de revenus chaque année au Québec, et que la société d'État ne réussit qu'à aller chercher 20 % de ce marché avec Espace Jeux, le gouvernement va tout faire pour mettre la main sur le jackpot !

Il veut aller de l'avant, même si cela veut dire que des petites entreprises bien de chez nous vont se retrouver devant un marché inaccessible en raison d'une réglementation gouvernementale dépassée et inadaptée à la réalité d'aujourd'hui. Encore une fois, c'est la bonne vieille méthode SAQ !

Parce qu'elle n'est pas capable d'offrir un aussi bon service que les sites privés, Loto-Québec demande au gouvernement de déclarer ces autres sites «illégaux» et va les forcer à faire des «partenariats» avec elle. En fait, je pense que l'expression pertinente à utiliser ici serait plutôt de dire que Loto-Québec, appuyée par le pouvoir coercitif de l'État, va faire à ces compagnies des «offres qu'elles ne pourront refuser», si vous voyez ce que je veux dire.

C'est en réalité le statut de monopole de Loto-Québec qui entraîne cette situation, en empêchant la société d'État de s'adapter rapidement aux changements de l'industrie. Cet anachronisme ne tient plus la route devant les avancées de l'industrie du jeu en ligne, beaucoup plus à l'écoute des consommateurs, et qui se développe en ce moment dans une zone grise. Si Loto-Québec était plus efficace et innovante, elle gagnerait des parts de marché sans devoir utiliser la censure.

Quelle serait alors la solution pour que les gens puissent continuer d'utiliser leur site préféré et pour que le gouvernement puisse tirer des revenus du jeu de hasard ? Comme le disait mon collègue blogueur Michel-Kelly Gagnon sur ce même site : «Au lieu de développer, opérer et gérer les jeux en ligne, Loto-Québec pourrait octroyer des permis à plusieurs compagnies qui pourraient elles-mêmes être responsables du bon fonctionnement de ces services. Ces entreprises spécialisées seraient certainement plus dynamiques que le monopole gouvernemental, avec son approche bureaucratique. De plus, elles seraient plus à même d'offrir des jeux et des services qui satisfont les demandes des consommateurs. Ces entreprises pourraient ensuite payer des dividendes au gouvernement, comme le fait Loto-Québec, tout en étant soumises à des standards éthiques élevés, et ainsi faire profiter la société dans son entier.»

Enfin, gardons aussi en tête qu'avec ce projet de loi, le gouvernement et Loto-Québec s'apprêtent à poser un geste qui non seulement nous placerait en compagnie de pays comme la Chine, qui viole la liberté d'expression et de choix et qui force les entreprises comme Google à jouer à la police, mais ouvrirait la porte à toutes sortes d'autres mesures de censure d'Internet dont on ne mesure pas encore la gravité.

Aujourd'hui Poker Star, demain Uber, Netflix, Airbnb, Google Play ou d'autres sites qui ne seront pas jugés assez gentils, assez bilingues ou encore pas assez payants au goût de l'État.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

11 controverses du gouvernement Couillard
L'affaire Bolduc(01 of12)
Open Image Modal
Alors qu'il était député de l'opposition, le docteur Yves Bolduc a reçu une prime de 215 000$ pour prendre en charge des patients pendant une période minimale de douze mois. Avec la défaite du gouvernement Marois, et son retour à un poste de ministre, Yves Bolduc a dû abandonner une partie de ses patients avant la fin du contrat. La prime, créée lors de son passage comme ministre de la Santé, visait à inciter les médecins à prendre en charge des patients sur une liste d'attente pour une période minimale de douze mois. De nombreux critiques ont souligné que le docteur Bolduc n'aurait pas dû prendre en charge ces patients, sachant que le gouvernement minoritaire de Pauline Marois pouvait tomber à tout moment. D'autres ont également sourcillé en apprenant qu'Yves Bolduc conciliait un travail de député et les responsabilités de médecin. Après deux semaines de controverse, le ministre Bolduc a accepté de rembourser la moitié des sommes perçues en trop, tel que réclamé par la RAMQ, en plus d'offrir l'autre moitié à des organismes de charité. (credit:PC)
L'affaire Lisée(02 of12)
Open Image Modal
L'opposition y a vu une tentative de diversion pour faire oublier l'affaire Bolduc. La ministre des Relations internationales, Christine St-Pierre, a soulevé des doutes sur le nombre de passages en France de son prédécesseur, Jean-François Lisée. Ce dernier a prolongé des missions ministérielles dans l'Hexagone pour passer du temps avec sa conjointe et ses enfants. Christine St-Pierre s'est alors interrogée publiquement, et sans preuves, sur les coûts engendrés par les contribuables. Vexé, Jean-François Lisée a rétorqué qu'il a payé tous les frais supplémentaires. Le député de Rosemont a alors enjoint à la ministre de s'excuser publiquement, faute de quoi il intenterait une poursuite en diffamation. Christine St-Pierre s'est exécutée le lendemain, mettant un terme à la controverse. (credit:PC)
L'affaire Bolduc, prise 2(03 of12)
Open Image Modal
Après avoir plongé son gouvernement dans l'embarras avec l'histoire des primes pour son travail de médecin, le ministre de l'Éducation Yves Bolduc a fait parler de lui pour une déclaration malheureuse. Alors que les commissions scolaires sont confrontées à d'importantes compressions budgétaires, Yves Bolduc a affirmé qu'il ne voyait pas de problèmes à ce qu'elles achètent moins de livres. « Il n’y a pas un enfant qui va mourir de ça et qui va s’empêcher de lire, parce qu’il existe déjà des livres [dans les bibliothèques] », a-t-il déclaré au journal Le Devoir. Quelques jours plus tard, le ministre a dû s'excuser devant le tollé soulevé dans le monde de l'édition et dans la population. « Je tiens à le dire, je suis très malheureux de la déclaration que j'ai faite. Ça a été une déclaration très malhabile », a-t-il dit.
Heurtel blâme les fonctionnaires(04 of12)
Open Image Modal
Le ministre de l'Environnement a refusé de prendre la responsabilité pour un certificat d'autorisation émis à TransCanada pour son projet de port pétrolier à Cacouna sans avoir obtenu d'avis scientifique. David Heurtel a plutôt rejeté la faute sur les fonctionnaires, qui auraient autorisé le projet. Seulement, dans un système parlementaire, le ministre est responsable des actions de son ministère. Depuis, le ministre Heurtel prend rarement la parole et répond encore plus rarement aux questions des journalistes. (credit:PC)
Gaétan Barrette insulte Claude Castonguay, la CAQ et les jeunes médecins(05 of12)
Open Image Modal
Le ministre de la Santé n'a pas la langue dans sa poche et il l'a prouvé dans le cadre de l'affaire Bolduc. Gaétan Barrette a qualifié de «foutaises» les propos de son prédécesseur Claude Castonguay, qui avait demandé la démission d'Yves Bolduc, en plus d'établir un lien entre les agissements de ce dernier et la commission Charbonneau. Le ministre Barrette a accolé le même terme aux propos du chef de la CAQ François Legault et son leader Éric Caire. Les jeunes médecins ne furent pas en reste: «La charge de travail qu'Yves Bolduc avait, ça peut être un équivalent à temps plein pour un jeune de 28 ans, mais pour quelqu'un de cette génération, c'est l'équivalent d'un temps partiel».Avec PC (credit:PC)
L'évasion d'Orsainville(06 of12)
Open Image Modal
L'évasion de trois détenus du Centre de détention d'Orsainville a entraîné la ministre de la Sécurité publique dans la première controverse majeure du gouvernement Couillard. Alors que l'évasion est survenue un samedi, la ministre Lise Thériault a donné son premier point de presse le lundi matin. Par la suite, la ministre a fourni de nombreuses informations qui se sont avérées fausses. Lise Thériault a notamment affirmé que le juge Louis Dionne avait ordonné l'abaissement de la cote de sécurité des détenus. Or, la cote de sécurité avait été abaissée uniquement pour les jours d'audience du tribunal, alors que l'évasion est survenue un samedi. Lise Thériault a ajouté à la controverse en ajoutant qu'un membre de son entourage lui a menti. Une enquête administrative est présentement en cours. (credit:PC)
Le doigt d'honneur de Julie Boulet(07 of12)
Open Image Modal
La députée de Laviolette, et ex-ministre, Julie Boulet a connu un retour en chambre mouvementé après son passage à la commission Charbonneau. Son témoignage avait été marqué par de nombreux trous de mémoire, notamment au sujet de l'objectif de financement de 100 000$ pour chacun des ministres. Alors qu'un député péquiste posait une question sur son passage devant la commission, Julie Boulet a fait un doigt d'honneur en direction des banquettes des députés péquistes. Julie Boulet s'est rapidement excusée à la sortie du Salon bleu. Elle a expliqué que la question lui semblait «tendancieuse». (credit:Capture d'écran)
Moratoire dans les CPE(08 of12)
Open Image Modal
Peu après son entrée en fonction, la ministre de la Famille Francine Charbonneau a décrété un gel dans l'attribution de nouvelles places en garderies subventionnées. La nouvelle a inquiété de nombreux parents qui s'étaient vus promettre une place pour leurs petits, de même que des propriétaires sur le point d'ouvrir leur établissement. La grogne a finalement fait reculer la ministre, qui levé le moratoire pour les places déjà prévues dans l'année en cours. (credit:PC)
La volte-face de Kathleen Weil(09 of12)
Open Image Modal
La ministre de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion s'est mise dans l'embarras en affirmant qu'elle n'aurait aucune objection à travailler avec un intégriste religieux, si celui-ci ne représente pas un danger. Mais, oups, la ministre Weil a fait marche arrière à peine quelques heures plus tard, changeant son discours du tout au tout. «Ce serait impossible que quelqu'un comme ça se retrouve dans mon cabinet, vraiment impossible», a-t-elle finalement tranché. (credit:PC)
Les fouilles à nu respectueuses(10 of12)
Open Image Modal
C'est une troisième prise contre le ministre Bolduc. Dans les couloirs du parlement, plusieurs estiment que le ministre de l'Éducation sera remplacé lors d'un remaniement ministériel, probablement en juin. Après sa prime comme médecin et son commentaire sur les livres dans les bibliothèques scolaires, Yves Bolduc a glissé sur le dossier des fouilles à nu. Le ministre a affirmé que les fouilles à nu sur des élèves du secondaire étaient permises, en étant que cela soit fait de manière «très respectueuse». Si le ministre avait peut-être raison sur l'aspect légal (le débat se poursuit à ce sujet), sa réaction a choqué la population. Deux jours plus tard, le premier ministre désavouait son ministre en affirmant en chambre qu'il n'y aurait plus de fouilles à nu dans les écoles, à moins de cas extrême. Le lendemain, Yves Bolduc démissionnait de toutes ses fonctions. (credit:PC)
Les ministres muselés(11 of12)
Open Image Modal
Peu après la déclaration d'Yves Bolduc sur les fouilles à nu, les ministres ont reçu la consigne de ne plus s'adresser aux médias avant le caucus matinal. Ils pourront désormais parler aux journalistes une fois qu'ils auront été «briefés» sur leurs dossiers. Plusieurs groupes ont dénoncé la manoeuvre, certains y voyant même une «Harperisation» du contrôle de l'information au gouvernement Couillard. (credit:PC)
Gaétan Barrette et le CHUM(12 of12)
Open Image Modal
Le directeur général du CHUM, Jacques Turgeon, a démissionné de ses fonctions au début du mois de mars en accusant le ministre de la Santé Gaétan Barrette «d'abus de pouvoir et d'ingérence politique inacceptable». Jacques Turgeon reprochait au ministre de lui avoir imposé de maintenir en poste le chef du département de chirurgie du CHUM, le Dr Patrick Harris. Cinq jours plus tard, le DG a repris ses fonctions après avoir obtenu du bureau du premier ministre l'assurance de Gaétan Barrette respecterait ses prérogatives.

Open Image Modal
Open Image Modal
-- Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.