Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Scolarisation des enfants autistes: voici à quoi ressemble une réelle inclusion

Il est extrêmement bénéfique pour les enfants autistes d'être intégrés, tout comme pour leurs pairs qui ne sont pas atteints d'autisme.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Devenir un membre apprécié de la communauté devrait être la norme pour tous les enfants, mais, trop souvent, ce n'est pas le cas pour les enfants autistes.

Les reportages dans les médias abondent en récits de parents qui luttent pour que leur enfant autiste soit intégré au sein de la communauté en général. Les histoires d'exclusion du système d'écoles publiques, de restaurants, de magasins ou d'aéroports sont monnaie courante. Les cas d'anniversaires d'enfants auxquels n'assiste aucun invité sont devenus un air connu dans le milieu de l'autisme. Si vous connaissez les parents d'un enfant autiste, vous savez probablement que l'exclusion de leur enfant des activités parascolaires ou des sorties scolaires n'est pas chose rare.

Autrement dit, les enfants autistes sont trop souvent victimes d'une exclusion systématique de leur communauté. Or, cette exclusion a un coût, que tous doivent assumer.

Voici ce à quoi ressemble une réelle inclusion.

Au cours des années, nous avons reçu de nombreux appels de l'école de notre fils à propos de ses anxiétés particulières, de ses difficultés d'apprentissage et de son incapacité à demeurer immobile et concentré pendant de longues périodes. Casey, notre fils, est atteint d'autisme, un trouble neurologique du développement souvent caractérisé par des comportements répétitifs et stricts, des troubles de la socialisation et un développement intellectuel inégal, parmi de nombreuses autres difficultés. Il n'a pas toujours été facile pour lui de participer aux activités courantes d'une école publique qui pratique l'intégration.

Recevoir un appel de l'école de Casey n'est par conséquent pas un événement inhabituel. Mais ce jour-là avait été une bonne journée.

L'enseignant m'a raconté que Casey s'est rendu à sa répétition de chorale hebdomadaire, mais que la chef de chœur était en retard ce jour-là. Normalement, elle commence la répétition par un réchauffement. Elle chante une ligne et les enfants répètent en chantant eux aussi, à la manière d'une chanson à répondre.

La chef de chœur est finalement arrivée, mais alors qu'elle n'avait pas terminé de se préparer, les enfants ont commencé à devenir agités. Spontanément, Casey s'est levé et a entonné la première ligne du réchauffement que chante habituellement la chef de chœur: «Debout» ; il chantait tout doucement.

Tous les enfants se sont calmés, puis ils se sont levés et ont chanté en réponse: «Debout ». Casey a ensuite chanté la deuxième ligne du réchauffement: «Pieds écartés», et les enfants ont répondu, en chantant «Pieds écartés».

Casey a dirigé le chœur pendant tout le réchauffement comme si c'était le plus extraordinaire des événements. Étonnée, la chef de chœur s'est placée en retrait pour observer ce petit moment de magie. Pendant un instant, Casey a fait partie intégrante de sa communauté, il en était même le chef!

Les données indiquent que le fait d'avoir des «interactions entre pairs» significatives avec des enfants au développement normal a, chez les enfants autistes, un effet bénéfique important sur le plan social et intellectuel, tout en ayant également des bienfaits pour les enfants qui interagissent avec eux.

Une méta-analyse de 45 études ayant examiné sur plusieurs années les effets des «interventions entre pairs» (en anglais seulement) est arrivée à la conclusion que d'enseigner aux enfants dont le développement est normal comment être à la fois les mentors et les amis des enfants autistes constitue un moyen «très efficace» de favoriser la création d'interactions sociales positives et durables. Cette efficacité a été observée chez les enfants des deux sexes ainsi que dans tous les groupes d'âge, les cadres et les types d'activités étudiés. Fait intéressant, elle était plus importante dans les contextes de jeu spontané que dans les contextes en clinique.

Les types d'interactions étudiés par les études analysées allaient du jumelage entre enfant neurotypique et enfant autiste (réseautage entre pairs) au mentorat entre pairs (des enfants enseignent à d'autres enfants), en passant par le jeu de groupe, où tous les enfants travaillent ensemble à l'atteinte d'un objectif commun. Comme l'ont montré les auteurs de ces études, les résultats obtenus n'étaient pas que temporaires, mais présentaient plutôt un potentiel d'effets à long terme susceptibles de planter le germe d'une amélioration des compétences langagières, d'une meilleure adaptation aux autres contextes d'intégration et de relations plus positives et durables avec les pairs.

Il est donc extrêmement bénéfique pour les enfants autistes d'être intégrés à leur communauté et de participer au sein de celle-ci et de manière significative à des activités de jeu spontané et d'apprentissage. Mais qu'en est-il de leurs pairs qui ne sont pas atteints d'autisme?

Il s'avère que ce type d'expérience est aussi pour eux source de plaisir et d'apprentissage. Un sondage mené à la suite d'une étude sur la participation d'enfants neurotypiques à la socialisation d'enfants autistes (en anglais seulement) a révélé que 83 % des premiers ont affirmé avoir «grandement apprécié» l'expérience, tandis que 17 % ont indiqué l'avoir «appréciée». Les enseignants ont également signalé les bienfaits de l'entraide entre les élèves et l'importance de promouvoir la tolérance et la compréhension, estimant qu'il s'agit d'un moyen de réduire l'intimidation.

Enseigner à tous les enfants comment interagir de manière significative les uns avec les autres constitue en d'autres mots une façon de créer une véritable conscience communautaire, et tous en bénéficient.

Nous avons de la chance que Casey fasse partie d'une école publique qui pratique l'intégration et qui connaît l'importance de travailler tous les jours au développement d'une conscience communautaire. Ce souci ne relève pas que des méthodes pédagogiques, mais fait également partie du système de valeur des enseignants. Lorsque Casey a pris les rênes de la chorale ce jour-là, il n'a pas seulement démontré sa capacité de leadership, une agréable surprise pour nous tous, mais il a également démontré qu'il avait un sentiment d'appartenance à son groupe, tout comme les autres enfants.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Autisme: 10 faits saillants
1 enfant sur 50 est atteint d'autisme(01 of10)
Open Image Modal
Selon la dernière étude menée par le centre de contrôle des maladies américain (CDC), 1 enfant sur 68 présente aujourd'hui un trouble du spectre autistique (TSA). Ce taux était de 1enfant pour 88 en 2012. (credit:Gettystock)
Les garçons sont plus enclins à être atteints d'autisme que les filles(02 of10)
Open Image Modal
L'autisme est diagnostiqué sur 1 garçon sur 54, contre 1 fille sur 252. (credit:Shutterstock)
Les syndromes de TSA sont décelables dès les premiers mois(03 of10)
Open Image Modal
Selon le NIH (institut de santé américain), les premiers signes sont entre autres: pas de babillage vers 1 an, pas un seul mot vers 16 mois ou de rares contacts visuels. (credit:Shutterstock)
Les scientifiques ne sont pas certains de la cause de l'autisme(04 of10)
Open Image Modal
Selon le NIH, des facteurs à la fois génétiques et environnementaux peuvent intervenir. (credit:Getty Images)
Il n'existe pas de soin contre l'autisme, mail y a des façons de le traiter(05 of10)
Open Image Modal
L'autisme est traité par la thérapie, les plans d'éducation et les médicaments. Docteurs et scientifiques disent que qu'identifier et soigner tôt les enfants autistes peut les aider à s'en sortir académiquement et socialement. (credit:Shutterstock)
Les recherches montrent qu'il n'y a aucun lien entre l'autisme et la vaccination(06 of10)
Open Image Modal
Même lorsque de multiples vaccins sont administrés à un enfant le même jour, il n'a aucun risque de développer une forme d'autisme. (credit:Shutterstock)
Si un enfant est autiste, ses frères et sœurs ont 2 à 18% de chances d'en être atteint aussi(07 of10)
Open Image Modal
Des études ont aussi montré que si un enfant ayant un TSA a un jumeau identique, celui-ci a 36 à 95% de chances d'en avoir un aussi. (credit:Shutterstock)
20 à 30% des enfants ayant un TSA sont aussi atteints d'épilepsie(08 of10)
Open Image Modal
il a été découvert que les enfants dont les aptitudes de langage régressent avant l'âge de 3 ans ont un risque plus élevé de développer une épilepsie. (credit:Alamy)
Environ 10% des enfants ayant un TSA ont aussi une maladie génétique, neurologique ou métabolique(09 of10)
Open Image Modal
Parmi ces troubles, on trouve la bipolarité, le syndrome de l'X fragile et la trisomie 21, selon le CDC. (credit:Shutterstock)
Les enfants en bas âge devraient être examinés pour tout retard de développement à des intervalles réguliers(10 of10)
Open Image Modal
Le CDC recommende de faire examiner les enfants à l'âge de 9 mois, 18 mois et entre le 24e et 30e mois. (credit:Shutterstock)

Open Image Modal
Open Image Modal
-- Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.